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Francis Ford Coppola : Mémoires d'outre-tombe

Analyse du cinéma de Francis Ford Coppola à travers une dizaine de textes axés sur la mémoire, le temps, les expérimentations esthétiques et les questionnements existentiels qui n'ont pas cessé d'animer le cinéaste depuis ses débuts jusqu'à Megalopolis, qui sortira le 11 décembre en Belgique.

Rayon vert

« Megalopolis » de Francis Ford Coppola : Antipolitique du démiurge

9 octobre 2024
Megalopolis est un film inclassable, hanté par des morts qui font la vie, qui contient un élixir de jouvence – le Megalon – une force créatrice à nulle autre pareille qui ferait les cités, le cinéma de demain comme il débarrasserait tous les pouvoirs de la logique de toute-puissance. Une énergie faite de la rêverie des songes comme de la réalité. Coppola y expose un art subtil d’asseoir la vigilance sur le laisser-aller, un mélange de conscience et d’inconscience, qui menace toujours de s’évaporer ; une sorte d’état plasma filmique, qui n’est ni complètement gazeux ni complètement solide ; une folie douce, un entre-deux, un flou pour apercevoir ce que le sommeil permet de voir (les rêveries), mais aussi les songes de l’homme libre – ceux de Coppola –, tout en étant capable de restituer avec la lucidité de celui qui est éveillé. Une révélation, mais qui ne passe pas seulement par le bien-être, mais le malaise, un peu comme si l’on était porté par la houle : ce moment où l’on s’en remet au monde, mais où, paradoxalement, on est enfin en soi-même pour nous apprendre, finalement, à devenir les créateurs de notre propre univers, en revenir à l'enfant.
Les militaires lors d'un cérémonie dans le cimetière dans Jardin de pierre
Le Majeur en crise

« Jardins de pierre » de Francis Ford Coppola : Mémoire d'outre-tombe

16 juin 2024
La période des années 70 aurait vampirisé le cinéma de Coppola. Draculéen, il ne laisserait pas la moindre goutte de sang. Les années 80 en regorgent pourtant, dans un cinéma d'apparence différent. Derrière les beaux costumes, les belles voitures, sourd déjà le pessimisme dans Peggy Sue s'est mariée, en 1986, une tristesse qui se concrétisera un an plus tard, avec Jardins de pierre, qui refait la guerre du Vietnam. Entre les deux tournages, meurt le premier fils de Coppola, John Carlo, à l'âge de 22 ans, dans un accident de bateau. Un drame, un film, qui demandent, qui exigent : comment remonter sa vie ? Comment refaire communauté, en famille comme en Amérique, quand la mort vous empêche, trop tôt, le matin, de réinventer votre drame ?
Toute la bande lors d'un combat dans la rue dans Outsiders
Rayon vert

« Outsiders » de Francis Ford Coppola : L’or des visages

16 juin 2024
Les jeunes visages de Outsiders promettent de l’or. Entre les courses vaines face à la violence et la fixité illusoire face aux écrans, entre la lumière des couchers de soleil et les brûlures nées du courage, le visage de Johnny (Ralph Macchio) abrite peut-être le rayon doré secret du film.
Natalie et Killer jouent à Simon Says dans Les Gens de la pluie
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« Les Gens de la pluie » de Francis Ford Coppola : Femme de pierre

16 juin 2024
Dans Les Gens de la pluie, Natalie est moins faite de larmes que de pierres. Elle résiste plus qu'elle ne se dissout. En ce cens, sa trajectoire dessine les contours d'un grand film féministe qui contient en même temps les germes, les aspirations et le rapport à l'utopie du laboratoire à venir de Francis Ford Coppola.
Tim Roth regarde une horloge dans L'homme sans âge
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« L'Homme sans âge » de Francis Ford Coppola : La troisième rose, la dernière, la trémière

16 juin 2024
L'Homme sans âge est un retour au cinéma, une seconde chance après dix ans d'absence et bien des atermoiements. La jouvence du numérique offre alors au vieux démiurge, toujours un peu bateleur, une occasion renouvelée de faire œuvre d'horloger, mais à seule fin de réitérer qu'il n'y a jamais lieu de se réconcilier avec le temps, pour des vieillards qui rajeunissent et des enfants qui vieillissent trop vite. La remontée de la jungle des origines du langages abrite en vérité le secret malade des amours décomposées, ce cœur blessé qui refait le cinéma de toute une vie pour à la fin consentir à laisser vivre le souvenir immortel de l'aimée. L'aiguille de l'horlogerie, avec ses images comme autant de miroirs à retardement, est la tige d'une rose et si elles viennent toujours par trois, la dernière est une rose trémière, celle qu'un homme dépose sur le seuil de lui-même, une fois délivré du démon totalitaire de la démiurgie.
Kathleen Turner avec sa couronne au bal de fin d'année dans Peggy Sue s'est mariée
Rayon vert

« Peggy Sue s'est mariée » de Francis Ford Coppola : Les illusions perdues

16 juin 2024
S'il était possible, referait-on sa vie ? Effacerions-nous nos erreurs pour se rendre un peu plus digne de cette blessure d'où l'on vient ? En 1986, Francis Ford Coppola envoie Peggy Sue dans le passé pour tenter de nous apporter une réponse. Même dans le pire, même dans l'infamie, Peggy Sue récidiverait, reconduirait sa vie dans une philosophie paradoxale du renoncement qui s'apparente au soulèvement, et ne se mesure pas, une victoire remportée dans la défaite qui provoquerait non pas le désespoir mais une joie tragique.
Deux musiciens jouent de la trompette dans Cotton Club
Le Majeur en crise

« Cotton Club » de Francis Ford Coppola : Croches et croche-pattes, du blanc sur le noir

16 juin 2024
Cotton Club danse, ses jeux formels sont endiablés, claquettes du musical et mitraillettes du film de gangster, mais les danses de l'éléphant blanc sont boiteuses. À peine amorcée, la critique de l'appropriation culturelle est aussi vite annulée au nom d'une hégémonie du spectacle qui a le blanc pour accord majeur, et les noirs de rester une minorité malgré l'apologie du jazz et sa créolité. L'enflure d'un spectacle qui l'est d'abord pour lui-même, avec son budget faramineux, sa centrifugeuse cinéphile et ses immixtions mafieuses est un ventre à deux poches, avec le génie empêché de Francis Ford Coppola et Robert Evans, son démon contrariant. Les croches musicales y sont des croche-pattes qui arrivent toutefois à battre la mesure des motifs fétiches d'un cinéaste impuissant à se désendetter de ses obligations, rivalités mimétiques, vampirisation mafieuse et jeunesse menacée d'un gâtisme prématuré.
(Elle Fanning) hante les rêves de Hall Baltimore dans "Twixt"
Rayon vert

« Twixt » de Francis Ford Coppola : Écrin de sang

16 juin 2024
Faux film de genre, faux film de vampires, prétendu entre-deux mineur dans la carrière de Francis Ford Coppola, Twixt brouille les pistes pour mieux proposer, dans une trouée, une introspection à la fois cathartique et prophétique. Sous la figure tutélaire d'un Edgar Allan Poe en guide rêvé, le film apparaît in fine comme un écrin aux atours fantastiques et sanglants, pour mieux ceindre l'intention principale de son auteur : rendre hommage à sa famille, et particulièrement à ses enfants, de la plus belle des manières.
Jack (Robin Williams) s'amuse avec un papillon, aussi éphémère que lui
Le Majeur en crise

« Jack » de Francis Ford Coppola : La fragilité spectaculaire de l’étoile filante

16 juin 2024
Film mineur, de commande, constamment moqué, Jack fait depuis longtemps figure de vilain petit canard dans la filmographie de Francis Ford Coppola. Le film mérite cependant d'être revu à l'aune d'éclairages rétrospectifs, pour apparaître étonnamment comme très personnel de la part du cinéaste. Développant toute une dialectique de la fragilité, une philosophie de l'éternel enfant et une allégorie de l'étoile filante, il permet à Coppola de rendre, quinze ans avant Twixt, un hommage discret à ses enfants.
Harry Caul (Gene Hackman) écoute une conversation dans Conversation secrète
Rayon vert

« Conversation secrète » de Francis Ford Coppola : À la recherche du temps perdu

16 juin 2024
Peut-on filmer sa propre histoire, celle d'un enfant reclus longuement dans sa chambre dès l'âge de cinq ans ? À partir d'un grand film sur la paranoïa, Conversation secrète est la tentative de Coppola de forer son passé, reconstituer un centre où se loger durablement. Mais a-t-on jamais vu quiconque habiter un trou noir, celui de l'enfance ?
Marlon Brando dans Le Parrain
Esthétique

« Le Parrain » I, II & III de Francis Ford Coppola : Damnation

8 octobre 2019
Une analyse du Parrain de Francis Ford Coppola à la hauteur de la saga : dans le sang mêlé des histoires du cinéma, de la famille et de la mafia.