On ment souvent chez Abbas Kiarostami, on bégaie autant et les adultes pas moins que les enfants. C’est ainsi que la vie continue. Et le cinéma aussi en constituant avec ses fabulations l’un de ses embranchements. Le cinéma des bifurcations est celui des carrefours et des labyrinthes autant que des ritournelles. Abbas Kiarostami est un cinéaste obsessionnel et ses personnages, surtout les enfants qui sont ses démons au sens où ils ont aussi la garde de son génie, rédiment leurs obsessions en réussissant à substituer à la compulsion de répétition une obstination héroïque. C'est la zébrure de l'idée, c'est l'instant décisif : c'est le kaïros qui s'incarne dans la figure de l'ami dont l'attente fonde l'horizon métaphysique de l'œuvre du cinéaste iranien.