Retour sur les enjeux de l'allégorie politique mise en œuvre dans « Broken Land » par Stéphanie Barbey et Luc Peter à travers le portrait d'Américains frontaliers du Mexique.
De Jurassic Parc à Event Horizon, Sam Neill a été l’une des incarnations à l’écran d’un spectateur confronté à de nouvelles images, le témoin sacrificiel de ces créations hybrides, et le produit de la réflexion d’un cinéma de genre sur le statut et le rôle de son public. Analyse.
De la vulnérabilité politique de l'exilé à l'innocence de l'ange blond, et retour. Analyse du montage de deux images — "Sorry for Brussels" et "It's not your fault" — publiées suite aux attentats de Bruxelles le 22 mars 2016.
De tous les films de Hong Sang-soo, Un jour avec, un jour sans est peut-être celui qui s'adonne le plus à la rêverie romantique nichée depuis toujours au creux de l’œuvre. Le cinéma s'y fait sarcophage, pour ces moments voués à disparaître dans les profondeurs du temps : là où s'oublient toutes les histoires.
« Drame mortel sur le tournage de Fast and Furious 8 », titre un quotidien. « Vous n’en saurez plus qu’à cliquer sur ce lien ! », suggère une habile mise en page. Quand le journaliste sadique joue avec nos pulsions pour le morbide à l'insu de son plein gré...
Entre le désoeuvrement général de son existence et la pression sociale relayée par son entourage, Armin revendiquera la responsabilité d'un accident. Il devient un Falscher Bekenner, « Faux confesseur ». C’est par cette fausse confession qu’il fait boiter la domination sociale.
Les déformations du rêve et la vanité de Sorrentino à travers l'analyse du clip de la popstar Paloma Faith dans Youth. Et si Can't Rely on You, qui sert de point de départ à la parodie du réalisateur, était en réalité bien plus fouillé esthétiquement et mieux mis en scène que n'importe lequel de ses films ?
Une danse macabre. C'est peut-être ce que manquent les vitalistes qui ne connaissent de la vie que son versant créateur, et les nihilistes qui ne connaissent de la vie que son versant destructeur. Avec Youth, Sorrentino nous invite au carnaval de la vie et de la mort, par définition irrévérencieux.
D’une petite église gothique, d’un Cammeo, et des publics qui manquent. Le Caméo — comme cinéma ambitieux — laisse rêver à un spectateur qui n’existe pas encore. Echappant à l’enquête de marché, celui-ci n’est autre que l’individu singulier qui surgit au cours de la projection.
Il arrive parfois que l’histoire n’avance plus, que la situation globale trébuche, que les acteurs se mettent véritablement à jouer. C’est ce jeu, pour rien, qui se donne à voir dans l’épisode 21 de la saison 5 de la série « Friends » : « Celui qui jouait à la balle ».
Trois fois l'ennui et le divertissement avec le chef d'œuvre de Samuel Beckett, en attendant Godot : dans le texte original paru en 1949, dans le film « Beckett dirige Beckett » réalisé en 1989, et dans la mise en scène de Jean-Pierre Vincent jouée au Théâtre de Namur en 2015.
Du Village à The Visit, les films de Shyamalan sont obsédés par une grande idée : celle de déterrer les secrets enfouis, les délier, leur donner une nouvelle existence - intime, collective ou surnaturelle - afin de mieux les affronter et les dépasser. C'est par là que l'individu et la collectivité adviennent.
Avec Une Veillée, Gary Kirkham commence un double travail de deuil : interne et externe à la fiction. Près de ses personnages, le dramaturge construit un espace imaginaire, indéterminé, où les rencontres avec les défunts sont possibles. Progressivement, la veillée d'Harold et Elsie devient mortuaire.
Étude sur le pouvoir cathartique du dessin, selon le maître japonais Hiromasa Yonebayashi, dans le film d'animation « Souvenirs de Marnie » : où le dessin animé se fait rêve éveillé, rencontre des vivants et des morts au croisement des lieux et des souvenirs par l’imagination.
Pour vivre, nous dit magnifiquement Souvenirs de Marnie, il faut s'inventer des cercles, des sphères, des micro-univers, se tenir à l'intérieur, s'y épanouir, puis pouvoir grandir avec, c'est-à-dire les oublier, parce qu'ils sont éphémères, tout en s'en rappelant comme des événements fondateurs.
La barbarie civilisée d’un Thomas Bernhard, parente de celle d’un Cioran ou d’un Beckett, fait oeuvre de salubrité publique. Avec Elisabeth II, le dramaturge nous convie à un autre exercice d’hygiène spirituelle : voir le monde à travers les yeux du vieil Herrenstein, un monde qui résiste, brûle et pue.
Si le film de László Nemes sorti en 2015 en impose, il est loin d'être aussi irréprochable que la critique ne le prétend sur les questions de représentation de la Shoah. Nous relevons trois paradoxes critiques pour mieux penser ce qui se joue dans Le fils de Saul.
Avec Cendrillon (2012), Joël Pommerat et la compagnie du Théâtre National de Bruxelles nous livrent une actualisation d’un conte endormi. Actualiser le conte c’est d’abord l’arracher aux rêves qui l’ont capturé, à commencer par ceux que Charles Perrault et Walt Disney ont mis dans nos têtes.
Pourrait-on imaginer que Mr. Bean puisse nous éveiller à l’art du portrait ? Une séquence admirable du film Bean (1997) va nous permettre de saisir toute la richesse du personnage que Rowan Atkinson n’a cessé de décliner avec inventivité.
Avec « La Loi du Marché », Stéphane Brizé pose la question des liens qui rattachent les hommes à la société. Comment maintenir ces liens alors que tout s'écroule ? Quelle réaction adopter face à la déshumanisation croissante de la société qui en brise les fondements ?
Avec Les Incroyants, un documentaire signé Gus Holwerda, c'est tant la religion que la science et la philosophie qui perdent au change. Sous les mots d'ordre proférés par les protagonistes du film, nous n'entendons qu’une autre rengaine marketing dont le slogan serait : « Join the atheists ! »
Lors du JT du 14 octobre 2015 diffusé sur La Une à 13 heures, nous avons pu entendre une petite dame sur une sale affaire. Un village wallon dont nous avons oublié le nom risque de perdre son Eglise. Sacrilège, parbleu, nom de D. Comment ne pas devenir fou si l’église n’est plus au milieu du village ? Le dossier est brûlant, les reporters engagés.
S'il y a une morale à Knock Knock, ce n'est pas à la perversité ou à la violence latente du spectateur qu'elle s'adresse : Eli Roth rappelle simplement comment notre société crée des modèles artificiels qui peuvent nous rendre prisonniers de ses illusions et de ses archétypes.
En s'appuyant sur la physique, un roman de Jules Verne et un film de Rohmer, ce texte déplie les différents aspects théoriques et pratiques contenus dans le concept de rayon vert : un type de perception, une manière de concevoir la critique de cinéma, une expérience de spectateur.