Analyse du monde invisible de « Burning » : celui des Great Hungers où le rôle du feu, de la lumière et des éléments disséminés (le chat, le puits, les serres ou les meurtres) est déterminant.
Une troisième histoire gravite autour de « First Man » : celle du processus qui a mené l’intelligence humaine à réussir un exploit. Et si la relative lourdeur du biopic, au bout du compte, ne faisait que servir cette troisième histoire, qui n'est autre que la maîtrise de la fragilité ?
À l'occasion de la sortie de « The House that Jack built », portrait de Lars von Trier en démiurge pervers maintenant film après film le cap de la contrariété : celle du spectateur, et la sienne propre, jusqu'à la mortification.
L'utopie foudroyée par l'éclair de la pulsion reste une fatalité persistante qui obscurcit les belles promesses du cinéma de Jacques Audiard. Ce bonheur provisoire de la communauté improbable qu'on trouve dans « Les Frères Sisters » lui a pourtant fait le plus grand bien.
La retenue de « Amin », si caractéristique du style de Philippe Faucon, se raidit en rétention, envenimée d’une frilosité par volonté de ne pas faire de vagues en franchissant des lignes seulement imaginaires.
Plombé par la malhonnêteté et le voyeurisme « inconscient » de la mise en scène de Lukas Dhont, « Girl » n'est qu'un énième film à sujet se servant du devenir-femme de son héroïne comme port-étendard.
Dans le sillage de « Melancholia », « L'Heure de la sortie » de Sébastien Marnier pourrait bien être le premier grand film français de collapsologie : accueillir la peur pour faire le deuil d'un monde qui s'effondre; entrevoir une autre fin du monde possible.
Avec « L’Heure de la sortie », Sébastien Marnier signe un second film impressionnant. En s’intéressant à l’économie des affects qu’il faut mettre en place pour se préparer aux catastrophes qui nous guettent, le cinéaste propose une puissante réflexion sur la désaffection.
Claude Schmitz nous explique les secrets de fabrication de son irrésistible « Braquer Poitiers » : le travail avec les acteurs, la porosité entre la fiction et le réel ou encore le rôle décisif du montage.
Avec Coincoin et les Z'inhumains, Bruno Dumont continue à saborder le naturalisme des représentations et des identités : dans la farce et les éclats de rire carnavalesques s'annonce la fête des masques identitaires rendus, abattus et révélés dans leur facticité bariolée.
Pris au jeu de l’interview, le noyau dur du Rayon Vert s'attable au bar digital pour discuter des films belges, de l'écriture sur le cinéma, des vlogs et de l’appauvrissement entraîné par la communication 2.0.
Au départ du livre de Bruce Bégout, « Le ParK », nous nous frottons à « Westworld » et son obsession pour le contrôle, sa peur de l'Infini, son virage vers le HBO Porn.
Interview des fondateurs du magasin Cinéfétiche de Bruxelles, Diane Dussaud et Othman El Maanouni, qui nous parlent de leur passion pour le cinéma et ses fétiches.
Avec « En guerre » et Laurent Amédéo, le héros bigger than life interprété par Vincent Lindon, les intentions politiques de Stéphane Brizé achoppent sur un dispositif renvoyant l'intégralité de la lutte du côté de l'idéal : quand vient à manquer la fable politique – cette fiction documentaire, ce documentaire fictionnel.
Avec "L'Homme qui tua Don Quichotte", Terry Gilliam invoque les figures immortelles de Don Quichotte et de Sancho Panza pour questionner la frontière entre le réel et l'imaginaire, la raison et la folie, la réalité et la fiction : si Don Quichotte et Sancho sont éternels, c'est peut-être parce qu'ils existent à l'intérieur de chacun de nous.
Avec « Au Poste ! », Quentin Dupieux entérine la culture de la patience comme moyen d'accès à son cinéma. Il replace le spectateur face à ses propres résistances pour le confronter à l'insupportable présent.
La cinéphilie, chez Honoré, ne s'assimile-t-elle pas à une forme d'imaginaire policier ? Petite étude des références présentes dans « Plaire, aimer et courir vite » et de la scène de rencontre, qui traduisent peut-être d'abord une recherche de légitimation par le bon goût et une certaine tendance à exclure ceux qui ne le partageraient pas.
Analyse des références à la drogue dans « Thor : Ragnarok » et les films Marvel. Et si l'ambition des blockbusters était de se confondre avec des trips hallucinatoires ?
Sous la forme d'une éloge de l'Impudeur, la série Netflix « 13 novembre : Fluctuat Nec Mergitur » rappelle ce qu'a été le réel de l’événement à rebours du discours consensuel des médias de masse et de l'opinion.
En affichant son goût marqué pour la science, Kiyoshi Kurosawa entérine le changement de forme de ses fantômes. « Avant que nous disparaissions », loin d'être une parodie des films de SF, porte à la fois la matérialité scientifique du spectre et la peur humaine de disparaître.
D’ange à icône, d’icône à marionnette, la carrière d'Emma Watson a évolué en lien avec sa personnalité publique et son statut d'icône. Pourtant, rien ne la prédestinait à la lumière, et la voilà maintenant prisonnière de sa propre image. Retrouvera-t-elle sa nature angélique qui faisait vaciller notre perception ?
La surprise d'être vivant, ou ce que peut le corps de Jerry Lewis. Analyse à travers une série de films réalisés entre 1955 et 1964 par Frank Tashlin ou Jerry Lewis, d'Artists and Models à Disorderly Orderly : quand la représentation de l'émotion passe l'épreuve de l'affection.
Ancré dans une réalité historique avérée, le Labyrinthe de Pan s'articule selon les codes du conte et du merveilleux : retour sur les trois épreuves d'Ofelia et la symbolique du film de Guillermo del Toro, quand le corps féminin se fait territoire de résistance et de renaissance.
Que peuvent donc nous apprendre les oreillettes du walkman de Peter Quill et de l'Ipod de Baby ? Analyse croisée de la musique des Gardiens de la Galaxie, réalisé par James Dunn en 2014, et de Baby Driver, réalisé par Edgar Wright en 2017.
« Wild Wild Country » s'inscrit dans un genre de documentaire où il n'y a plus rien à voir : sous son apparence de saga épique dont il transpose habilement les codes, il ne fait rien d'autre qu'imposer une esthétique de l'effet spectaculaire.
Avec Insectes, Jan Švankmajer met images son ultime manifeste pour un cinéma artistique, le legs d'un autre cinéma d'auteur qui se perd : donner forme à une intention qui laisse place au rêve, à l’imagination et à l'artifice, dans le droit fil de la tradition inaugurée par Georges Méliès.
Miroirs, spectateurs et mondes parallèles : le film de Franck Ribière questionne le statut actuel de la salle de cinéma et le rapport qu'entretient le spectateur au spectacle. Cette tentative de sociologie du cinéma s'intéresse d'abord à la dynamique d'une séance.
Avec Mektoub My Love, Abdellatif Kechiche offre à ses détracteurs tout ce qu'ils attendent de lui, précisément pour mieux déjouer leurs attentes : voyeurisme, lubricité, chosification des jeunes femmes ne sont que des détonateurs préludant les événements complexes vécus par les personnages.
Avec « La Fiancée du Pirate », Nelly Kaplan appelle à l’expression d’une imagination en puissance, plutôt qu’à l’institution de l’imaginaire au pouvoir. C'est de sorcellerie qu'il s'agit avec Marie, l'anti-héroïne du film interprétée par Bernadette Lafont : déchaîner les « forces paniques de la nature ».
Analyse croisée de « Persona » d'Ingmar Bergman et de « Trois femmes » de Robert Altman autour de la question de la perte de l’Identité Féminine. Que nous apprennent ces deux films sur la femme lorsqu'ils explorent la thématique de l’échange d’identité ?
Les quêtes spirituelles qui traversent le cinéma de Jim Jarmusch n'ont pas besoin du voyage pour s'accomplir. Elles peuvent faire du surplace et se réaliser au creux d'un divan ou sous le nez des personnages. Analyse croisée de « Only Lovers Left Alive », « The Limits of Control » et « Paterson ».
Expérience de la salle de cinéma, horreur et émotions. Julia Ducournau revient avec nous sur tout ce qui agite le spectateur : « Admettre avoir peur devant l'autre, c’est accepter de se rendre vulnérable, et c’est ce qui peut créer une complicité. C’est pour cela que j’adore les films d’horreur. »
Par la seule présence d’Elle Fanning, How to Talk to Girls at Parties porte en lui une étrangeté métaphysique. L'actrice prête son corps à la quête du souvenir de l’amour adolescent perdu. Par là, comme chez Winding Refn, elle devient une incarnation mythique et fantasmatique.
Revisite habile et drôle du thème de la route peuplant les récits post-apocalyptiques, Survival Family prend à contre-pied les codes du genre. Le héros est une famille tokyoïte ordinaire, le transport se fait à pied ou à vélo, et le principal obstacle est un tunnel non éclairé.
La figure de la surimpression dans The Third Murder peut être vue dans la manière dont Kore-eda semble vouloir renouveler son cinéma. En transparence, sous le film de genre, se retrouvent à nouveau frais les obsessions du réalisateur : des personnages rongés par la famille et les liens du sang.
Objet hybride, condensant une période diégétique assez longue dans le cadre très restreint, voire formaté, d’une comédie rythmée et réduite à son heure et demi syndicale, Lady Bird trouble l'identification du spectateur aux personnages tout en la stimulant.
Essai de sociologie du cinéma autour de l'idée d'un spectateur nomade qui ferait varier autant que possible les conditions de réception des films : les expériences alternatives de la salle de cinéma permettent de repenser notre posture de spectateur religieux et silencieux.
Vincent Rottiers est le genre d'acteur qu'on associe souvent à des rôles précis. Quel rapport entretient-il avec cette image ? Tisse-t-il des liens entre ses différents personnages ?
Lauréate du prix du meilleur montage de la Film- und Medienstiftung NRW pour Everyone else et Toni Erdmann, Heike Parplies sublime le travail de Maren Ade, l‘une des cinéastes les plus reconnues du jeune cinéma allemand. Nous l'avons rencontrée à la troisième édition du festival « Les Monteurs s'affichent ».
Les scènes d’humiliation physique présentes dans « Chien » auraient pu n'être que l'expression d'une violence aussi bête que gratuite. Mais l'art de Benchetrit les fait basculer dans la fable cruelle : critique d'un film punk suivie d'une interview avec Vincent Macaigne.
À partir d’une simple injure dans une rue de Beyrouth de nos jours, « L’Insulte » de Ziad Doueiri explore le passage d’un conflit entre deux hommes à celui d’un pays tout entier, un conflit du présent qui voit également se rouvrir les plaies du passé.
Anti-Disney par excellence, Gatta Cenerentola ose braver les interdits du genre. Pendant près d’1h30, cette relecture du conte s’affirme comme une version moderne, urbaine, adulte et méditerranéenne du film classique de Walt Disney : Cendrillon est aujourd'hui une héroïne moderne.
En voulant nous sensibiliser à l'humanité des hologrammes et à la cruauté humaine, Charlie Brooker semble délaisser la critique des dangers imminents des nouvelles technologies au profit d'une leçon de morale chrétienne et populiste.
Réflexions critiques autour de « Call Me by Your Name » de Luca Guadagnino. Comment porter un regard critique objectif sur un film directement lié à l’attachement qui se crée (ou pas) pour les acteurs/personnages ?
Hanté depuis toujours par la mort d’une sœur qu’il n’a pas connue et dont on lui a longtemps caché l’existence et les circonstances de la mort, Eric Caravaca essaye de révéler le secret de famille qui a marqué sa propre histoire. Quelle pourrait être la place du spectateur dans cette enquête familiale ?
Sans relever une seule seconde du film à thèse, « Le Roman de Werther » de Max Ophüls est une démonstration par les images que le texte de Goethe est tout bonnement incompatible avec l’esprit français.
« Broken Flowers » dépasse un comique s'amusant des clichés et une poétique du décalé pour raconter, à partir d'un travail autour de la ressemblance, une quête de dissemblance angoissante. Et si cette quête était aussi celle de Bill Murray, dont le fils, Homer, apparaît à la fin du film ?
Rocco, 1500 films, 5000 partenaires, 30 ans de carrière. Il fallait tout ça pour tenter d'épuiser le désir. Mais c’est raté, car le désir ne s’épuisera que dans la mort, pas la petite – aussi grande fut-elle dans une dernière mise en scène d’inspiration christique. La pornologie du tyran raconte l'histoire tragique de cet échec.
Plutôt qu'un énième top 2017, retrouvez une série de micro-épiphanies racontées par les expérimentateurs du Rayon Vert. Ce n'est pas de la science-fiction, c'est par là que le cinéma est passé.
Avec cette saison 4 de Bojack Horseman, le célèbre cheval de Hollywoo n'est plus que l'ombre de lui-même. Interprétés à l'aide d'une psychologie freudienne caricaturale, les traumatismes familiaux s'imposent comme la clé de lecture du mal-être des personnages.