Sur les plateaux TV et dans la presse, « Filles de joie » de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich a été présenté comme un film de super-héroïnes. Or, les trois prostituées optent pour le revenge porn et sont plutôt animées par le ressentiment, la suspicion et la vengeance la plus bête qui soit : à la justice, elles opposent leur volonté de se débarrasser elles-mêmes des hommes. Dans ce contexte, la fiction héroïque ne fonctionne pas. Elle est d'autant plus inopérante que le réalisme creux du film limite sans surprises le pouvoir réel qu'auraient pu avoir ces femmes, qui échappent très difficilement, et de manière tout à fait malheureuse, à leur condition fataliste de « steak haché » (comme le dit Sarah Forestier). C'est peut-être au fond la seule chose que ce type de cinéma dénonciateur peut nous dire.