Logo du Rayon Vert Revue de cinéma en ligne

Fabien Demangeot

Docteur en lettres Modernes et en études cinématographiques, spécialiste d'Alain Robbe-Grillet et de David Cronenberg, Fabien Demangeot est enseignant dans le secondaire et dispense des cours sur le cinéma de genre horrifique à l'université.
Jude Law et Jennifer Jason Leigh reliés par un Pod dans eXistenZ
Esthétique

« eXistenZ » de David Cronenberg : Virtualités sensorielles

20 septembre 2024
Aussi sensuel que cérébral, eXistenZ participe d’une véritable déconstruction des codes du cinéma de science-fiction classique. Pour le spectateur, l’entrée dans le monde d’eXistenZ est une expérience synesthésique totale. Les images chez David Cronenberg ont une odeur, un goût, une consistance. Le cinéma est un corps qu’il est désormais possible de ressentir. Il est la Nouvelle Chair.
Les enfants livrés à eux-mêmes dans l'appartement dans Nobody Knows
Rayon vert

« Nobody Knows » de Hirokazu Kore-eda : l’enfance retrouvée

20 décembre 2023
Nobody Knows assemble des scènes attendues en les dépouillant de leurs effets au point d’en faire de véritables non-événements sous-tendant paradoxalement une tragédie pourtant implacable. La douleur et la violence sont douces dans le film de Kore-eda, dont l'horizon est le silence : celui d’Akira et de Saki qui enterrent Yuki sans dire un mot, celui des adultes qui ne voient pas ou feignent de ne pas voir ce qui se déroule sous leurs yeux, mais aussi celui du spectateur sans voix face à tant de beauté et de douleur contenues.
Robert De Niro avec sa crête de cheveux dans Taxi Driver
Esthétique

« Taxi Driver » de Martin Scorsese : La Vérité derrière la brume

16 octobre 2023
Si Taxi Driver demeure un film fantasmé, en partie (entièrement ?) par son personnage principal, il dépeint pourtant, avec un réalisme cru, une violence bien réelle, une violence intériorisée qui ne demande qu’à exploser. Taxi Driver est un film nimbé de brumes, une déambulation à la fois physique et spirituelle dans les bas-fonds de New York.
Michael Fassbender regarde Rooney Mara dans la piscine dans Song to Song
Rayon vert

« Song to Song » de Terrence Malick : Aller au-delà de l’image et des mots

18 juin 2023
Avec Song to Song, sans doute plus qu’avec aucun autre de ses films auparavant, Terrence Malick tend à dépouiller le cinéma de certains de ses artifices afin de le constituer en pur langage. Le scénario extrêmement dépouillé de Song to Song, s’il répond à des codes assez classiques du cinéma hollywoodien, avec en happy end le triomphe de l’amour véritable, aurait donné lieu, s’il avait été filmé de manière classique, à un film excessivement moralisateur et manichéen. Or en laissant les images dépasser, pour ne pas dire déborder, le cadre narratif dans lequel elles se trouvent, Malick réussit à toucher à une vérité de l’être, délivrée des discours théoriques sur la causalité des événements.
Areum (Kim Min-hee) dans la maison d'édition où elle travaille dans Le jour d'après
Rayon vert

« Le Jour d’après » de Hong Sang-soo : Croire pour évoluer

18 septembre 2022
Si Le Jour d’après est un des films les plus graves d’Hong Sang-soo, celui-ci offre une réflexion aussi subtile que passionnante sur la question de la croyance, consolatrice, qui permet au personnage d’avancer. Tout n’est finalement, chez Hong Sang-soo, qu’une question de croyance. Il faut croire au pouvoir de la fiction pour que celle-ci devienne réalité.
Kyoko dans Antiporno
Esthétique

« Antiporno » de Sono Sion : Repenser le Roman Porno

4 mai 2022
En 2015, la société de production Nikkatsu propose à des réalisateurs reconnus de réaliser leur propre Roman Porno. Parmi ceux-là, Sono Sion a décidé de s'emparer de ce genre issu des années 70 et dans lequel transparaissait souvent un message politique fort, pour mieux en subvertir et mettre en évidence l'une des tares les plus évidentes, à savoir une misogynie latente voire exacerbée. Dans Antiporno, Sono Sion s'empare donc du Roman Porno pour travailler la question du genre et se sert de la mise en abyme pour mener à bien une réflexion sur le corps et la sexualité féminine.
Jenjira Pongpas assise dans le cimetière dans Cemetery of Splendour
Esthétique

« Cemetery of Splendour » d’Apichatpong Weerasethakul : Sur les strates poétiques d’une réalité onirique

16 novembre 2021
Par-delà le rêve et la réalité, Cemetery of Splendour est l'exploration poétique d'un monde à la fois immuable et en perpétuelle anamorphose. Le motif du palimpseste constitue la structure à la fois narrative et architecturale d'un film qui célèbre la puissance de l'imaginaire face à un régime politique oppresseur. En abolissant les frontières entre l'humain et le divin, le sommeil et l'éveil ou encore l'immensément grand et l'immensément petit, Weerasethakul appelle le spectateur à simplement contempler ce qui se trouve en face de lui.
Une femme dort dans un film de l'installation Periphery of the Night
Esthétique

« Periphery of the Night » d'Apichatpong Weerasethakul : Expérimenter l’espace et le temps

15 novembre 2021
« Periphery of the Night » est autant une invitation à garder les yeux ouverts qu'à les fermer. Le visiteur, porté par le rythme envoûtant des vidéos projetées, circule à l'intérieur de différentes salles qui lui permettront de créer, à son tour, sa propre narration. La contemplation amène ici à la création d'une multiplicité d'œuvres mentales défiant les lois du temps et de l'espace.
Rin Takanashi dans une voiture dans Like Someone in Love
Esthétique

« Like Someone in Love » d'Abbas Kiarostami : La route de l'introspection

19 septembre 2021
Avec Like Someone in Love, Kiarostami, dans la lignée de Yasujirô Ozu, traite de l'incommunicabilité en filmant des êtres perdus illusionnés par l'idée d'amour. Véritable œuvre somme où se télescope la plupart des motifs esthétiques comme thématiques de son cinéma, le film du réalisateur du Goût de la cerise utilise moins le Japon comme une toile de fond que comme un terrain d'expérimentations. En invisibilisant presque Tokyo, Kiarostami crée, à travers l'espace confiné de la voiture de Watanabe, un nouveau lieu mental à l'intérieur duquel les non-dits permettent l'émergence sensible et sincère du "Moi''.
Millie (Kathryn Newton) avec le serial killer Barney (Vince Vaughn) dans Freaky
Critique

« Freaky » de Christopher Landon : Entre genres et genders

6 juillet 2021
Freaky, s'il n'a pas l'ambition d'être autre chose qu'un film de commande destiné aux adolescents, s'amuse habilement à déconstruire les stéréotypes de genres en faisant permuter les identités de ses deux protagonistes principaux. Bien qu'il peine à se montrer réellement subversif, le film de Christopher Landon dénonce, sans jamais tomber dans les travers du film à charge, les comportements sexistes à travers la réutilisation des clichés les plus dépassés du teen movie.
Elias Koteas et Rosanna Arquette font l'amour dans Crash
Interview

« La Transgression selon David Cronenberg » : Interview de Fabien Demangeot

5 février 2021
Avec « La Transgression selon David Cronenberg », notre rédacteur Fabien Demangeot signe un essai synthétique et de vulgarisation autour de l’œuvre du cinéaste canadien. En analysant trois formes de transgression, il reconnecte surtout ses films à ses origines les moins nobles, des sous-genres du film d'horreur aux pratiques pornographiques les plus crues.
Eric Packer (Robert Pattinson) avec une arme à la main dans Cosmopolis
Esthétique

« Cosmopolis » de David Cronenberg : Indicibles métamorphoses

1 février 2021
Bien qu'il soit difficile de considérer Cosmopolis comme un film fantastique ou de science-fiction, sa structure semble pourtant bien totalement onirique. Son monde, avec son esthétique très lisse de photos de mode sur papier glacé, est aussi virtuel que les univers hallucinogènes d'eXistenZ et du Festin Nu. Il dénonce, malgré son cadre spatio-temporel strict (une journée de la vie d'Eric Packer) et ses personnages archétypaux (le golden-boy, la fiancée vaporeuse, le petit génie de l'informatique), une constante chez Cronenberg : l'idée même d'illusion réaliste.
Alice (Anicée Alvina) sur une chaise en train de prier dans Glissements progressifs du plaisir
Esthétique

« Glissements progressifs du plaisir » d’Alain Robbe-Grillet : Dysnarrativité et circulation des objets

6 novembre 2020
Glissements progressifs du plaisir est un film qui ne cesse de se dérober aux spectateurs. En jouant avec l'imaginaire du polar et de la série rose, Alain Robbe-Grillet ne cherche pas tant à raconter une histoire qu'à la déconstruire pour proposer, en parallèle à une intrigue en apparence classique, une nouvelle narration autour d'objets pourvus de multiples significations. Ce sont les glissements progressifs du sens, ou plutôt des sens, qui deviennent ici source de plaisirs pour qui en accepte les innombrables fluctuations.
Les deux Jeremy Irons et Geneviève Bujold dans Faux-Semblants (Dead Ringers)
Le Majeur en crise

« Faux-Semblants » de David Cronenberg : Fusion incestueuse

29 juin 2020
Le tabou de l'inceste apparaît, de manière sous-jacente, dans de nombreux films de David Cronenberg. Dans « Faux-Semblants », il unit spécifiquement les membres d'une même fratrie et se présente même comme la possibilité de fusionner avec un autre soi-même. Par là, Cronenberg pose la question de l'identité sexuelle et de l'identité tout court. Sauf que cet idéal de fusion ne peut pas s'incarner.
Deux agitateurs déguisés en vieillards dans Trash Humpers
Esthétique

« Trash Humpers » d'Harmony Korine : Poétique de l'abjection

29 mai 2020
Tourné en quelques jours, dépourvu de scénario et monté de manière totalement anarchique, « Trash Humpers » repousse, comme peu de films ont pu le faire avant lui, les limites de ce qu'on nomme communément la "laideur". Pourtant, la beauté n'est pas absente du film d'Harmony Korine où culminent d'étranges moments au cours desquels les turbulents vieillards acquièrent une certaine forme d'humanité. « Trash Humpers » se définit moins par ses provocations que par ses paradoxes, son audace et ses singularités.
Le poster de American Horror Story : 1984
Critique

« American Horror Story, 1984 » : Célébration et fin d'une époque

22 avril 2020
En s'attaquant au genre du slasher, la neuvième saison de « American Horror Story » convoque, pour mieux les railler, les clichés les plus éculés du cinéma d'horreur. Or, cet aspect humoristique n'empêche pas la série de surclasser la majorité de la production horrifique actuelle. « American Horror Story : 1984 » n'est ainsi pas un simple slasher mais une série fantastique à l'intérieur de laquelle le monde des morts communique avec celui des vivants.
Margot Robbie en Harley Quinn sème le chaos dans Birds of Prey
Critique

« Birds of Prey » de Cathy Yan : L'émancipation d'une anti-héroïne

16 février 2020
« Birds of Prey » n'est pas un énième film de supers-héros (ou de supers-méchants pas si méchants) devant sauver le monde mais le portrait d'une femme qui cherche à s'émanciper. Séparée du Joker, Harley veut désormais exister par elle-même. Considérée par tous les hommes qu'elle croise comme une fille facile ou une idiote, la jeune femme, titulaire d'un doctorat en psychiatrie, ne va pourtant pas cesser de revendiquer son statut d'intellectuelle.
Les deux acteurs sur la plage dans Now Apocalypse
Esthétique

« Now Apocalypse » de Gregg Araki : Genres, sexualités et fin du monde

15 novembre 2019
« Now Apocalypse » se présente à la fois comme une œuvre somme et le constat d'un échec. En passant par le médium télévisuel, Gregg Araki interroge les limites de son propre cinéma tout en perpétuant sa réflexion sur les liens entre hybridité générique et sexualité queer.
I Spit On Your Grave de Meir Zarchi
Esthétique

La représentation de la femme dans le « Rape and Revenge »

10 octobre 2019
Analyse du « rape and revenge movie », sous-genre controversé du cinéma d'horreur qui interroge pourtant nos modes de représentation des genres et de la sexualité. Il permet surtout de questionner l'image de la femme face à celle de la masculinité dominante.